Homélie pour le 18e dimanche du temps ordinaire Année B : « Cailles et manne »

Hermann Giguère

Homélie pour le 18e dimanche du temps ordinaire Année B à la Chapelle du Lac Poulin le 1 août 2021. « Cailles et manne ». Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P.H. du Séminaire de Québec. Textes : Exode 16, 2-4.12-15, Éphésiens 4, 17.20-24 et Jean 6, 24-35.

La première lecture nous parle de cailles et de manne. Les cailles sont des petits oiseaux délicieux à consommer et la manne était, semble-t-il, une espèce d’herbe comestible qui poussait dans le désert. N’ayez crainte, je ne vous donnerez pas des recettes pour les utiliser en cuisine. Ce qui serait intéressant peut-être! Mais ici, ce matin, je me contenterai de les regarder comme nourriture. C’est la raison pour laquelle, je pense, on a retenu ce passage du live de l’Exode comme première lecture qui reçoit une application stimulante dans les paroles de Jésus que l’Évangile nous rapporte

I- Des images

Comme je viens de le dire, ces deux aliments, les cailles et la manne, sont présentés comme une nourriture et même une nourriture merveilleuse. Vous le voyez, on est dans un monde très riche et très varié, celui de la nourriture. Lorsqu’il est question de nourriture, on peut penser aux marchés d’alimentation que nous fréquentions malgré la pandémie, ou aux marchés en plein air qui reprennent vie et où les gens à chaque jour viennent chercher ce qui les nourrira. On peut penser aussi aux images venues d'Afrique ou on voit des gens en train d’écraser les grains de mil ou de sorgo. On pourrait continuer encore longtemps avec ces images. Je m’arrête pour essayer de dégager ce qui se dégage des images de nourriture : les cailles et la manne qui ont inspiré Jésus dans le passage de l’évangile qu’on vient de lire. Il en ressort, selon moi, deux chose importantes que Jésus veut nous faire comprendre : croissance et soutien de la vie qu'il applique à la nourriture que lui donne.

II - Les effets de la nourriture

En premier lieu, la nourriture est là pour assurer le développement et la croissance des êtres. Regardons un jeune enfant ou encore un adolescent ou une adolescente. Dans les deux cas, ils se nourrissent avidement parfois. Pourquoi? . L’enfant passe ses premiers mois à se gaver au sein de sa mère puis, par la suite, à se nourrir le mieux possible pour bien former son corps. L’adolescent ou l'adolescente connaît une période intensive qui lui échappe parfois où son organisme demande continuellement d’être alimenté de toutes sortes de façons.

Voilà donc une première caractéristique de toute nourriture : la croissance et le développement de la personne. C’est la même chose dans le règne animal.

Deuxième caractéristique de la nourriture : le soutien de la vie. Regardons maintenant à l’autre bout du parcours humain et observons les personnes âgées. Elles sont soucieuses de leur nourriture parce qu'elles ont besoin de se garder en forme malgré leurs limites. Leur proches leurs disent souvent « Maman, Papa, tu ne manges pas assez ». Ou encore ils vont les aider à manger à chaque repas lorsqu’elles sont incapables de le faire par elles-mêmes. On leur facilite la tâche. C’est grâce à la nourriture que nous demeurons en vie. Sans nourriture pas de vie. Les camps de réfugiés nous le lancent en pleine face parfois, lorsque que les organismes d’aide internationale ne peuvent suffire. Ce sont alors de milliers et des milliers de personne qui décèdent.

III - Application

C’est sur cette lancée que nous pouvons maintenant relire les paroles que l’évangéliste saint Jean met dans la bouche de Jésus.

Dans ce passage Jésus, après avoir fait le miracle de la multiplication des pains, en dégage des leçons. Il commence par une invitation : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme ».

Ce faisant, Jésus veut sensibiliser ses auditeurs et auditrices à ce qui est important dans la vie. Il faut être conscient que les besoins physiques ne sont pas les seuls que nous avons. Nous sommes comme humains des êtres non seulement corporels mais aussi spirituels par notre intelligence et notre esprit. Au-delà des nourritures physiques, il y a des nourritures plus spirituelles comme l’art, la contemplation de la nature, les amitiés etc. Nous en avons besoin si nous voulons croître et nous développer comme personne humaine. Jésus ajoute que toutes ces nourritures humaines, physiques ou spirituelles restent, ne donnent pas ce que lui donne. Elles sont limitées, la nourriture qu’il donne, lui, est bien supérieure, car elle conduit à la vie éternelle.

Par la suite, Jésus continue en révélant que cette nourriture spirituelle qu’il donne et dont toute personne humaine a besoin a son origine en Dieu. « Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

Quelle belle révélation! La multiplication des pains est l’occasion pour Jésus de nous donner l’heure juste sur la nourriture dont notre être a besoin. Ce serait une vision à courte vue que de se limiter à toutes les nourritures humaines, physiques ou même spirituelles, en les séparant de leur auteur qui est Dieu qui les donne comme un père ou une mère qui nourrit ses enfants.

Voilà la merveilleuse révélation de ce passage. Notre Dieu est un Père qui s’occupe de nous nourrir pour nous faire grandir et nous développer dans la foi et nous garder remplis de la vie même de Dieu qui est en nous par le sacrement du Baptême.

Conclusion

Au cours de cette célébration prenons la peine de répéter avec confiance la prière que font les disciples « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là ».

Ce pain-là viendra au moment où nous avons faim. Il arrivera par surprise parfois comme les cailles et la manne. Il sera donné en abondance. Il permettra d’avancer avec vigueur sur la route qui est la nôtre par les voies où le Seigneur nous conduit.

Que cette Eucharistie qui nous présente sous le signe du Pain et du Vin la vraie nourriture que Dieu donne soit notre vie et qu’elle se développe en vie éternelle pour tous et toutes, ce que je vous souhaite de tout cœur.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

27 juillet 2021




















LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous » (Ex 16, 2-4.12-15)
Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là,
dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël
récriminait contre Moïse et son frère Aaron.
Les fils d’Israël leur dirent :
« Ah ! Il aurait mieux valu mourir
de la main du Seigneur, au pays d’Égypte,
quand nous étions assis près des marmites de viande,
quand nous mangions du pain à satiété !
Vous nous avez fait sortir dans ce désert
pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! »
Le Seigneur dit à Moïse :
« Voici que, du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous.
Le peuple sortira pour recueillir chaque jour sa ration quotidienne,
et ainsi je vais le mettre à l’épreuve :
je verrai s’il marchera, ou non, selon ma loi.
J’ai entendu les récriminations des fils d’Israël.
Tu leur diras :
‘Au coucher du soleil, vous mangerez de la viande
et, le lendemain matin, vous aurez du pain à satiété.
Alors vous saurez que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu.’ »

Le soir même, surgit un vol de cailles qui recouvrirent le camp ;
et, le lendemain matin,
il y avait une couche de rosée autour du camp.
Lorsque la couche de rosée s’évapora,
il y avait, à la surface du désert, une fine croûte,
quelque chose de fin comme du givre, sur le sol.
Quand ils virent cela,
les fils d’Israël se dirent l’un à l’autre :
« Mann hou ? » (ce qui veut dire : Qu’est-ce que c’est ?),
car ils ne savaient pas ce que c’était.
Moïse leur dit :
« C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger. »

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(Ps 77 (78), 3.4ac, 23-24, 25.52a.54a)
R/ Le Seigneur donne le pain du ciel ! (cf. 77, 24b)

Nous avons entendu et nous savons
ce que nos pères nous ont raconté :
et nous le redirons à l’âge qui vient,
les titres de gloire du Seigneur.

Il commande aux nuées là-haut,
il ouvre les écluses du ciel :
pour les nourrir il fait pleuvoir la manne,
il leur donne le froment du ciel.

Chacun se nourrit du pain des Forts,
il les pourvoit de vivres à satiété.
Tel un berger, il conduit son peuple.
Il le fait entrer dans son domaine sacré.

DEUXIÈME LECTURE
« Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé selon Dieu » (Ep 4, 17.20-24)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères,
je vous le dis, j’en témoigne dans le Seigneur :
vous ne devez plus vous conduire comme les païens
qui se laissent guider par le néant de leur pensée.
Mais vous, ce n’est pas ainsi
que l’on vous a appris à connaître le Christ,
si du moins l’annonce et l’enseignement que vous avez reçus à son sujet
s’accordent à la vérité qui est en Jésus.
Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois,
c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises
qui l’entraînent dans l’erreur.
Laissez-vous renouveler
par la transformation spirituelle de votre pensée.
Revêtez-vous de l’homme nouveau,
créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE
« Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6, 24-35)
Alléluia. Alléluia.
L’homme ne vit pas seulement de pain,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Alléluia. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
quand la foule vit que Jésus n’était pas là,
ni ses disciples,
les gens montèrent dans les barques
et se dirigèrent vers Capharnaüm
à la recherche de Jésus.
L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent :
« Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
vous me cherchez,
non parce que vous avez vu des signes,
mais parce que vous avez mangé de ces pains
et que vous avez été rassasiés.
Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd,
mais pour la nourriture qui demeure
jusque dans la vie éternelle,
celle que vous donnera le Fils de l’homme,
lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Ils lui dirent alors :
« Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
Jésus leur répondit :
« L’œuvre de Dieu,
c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
Ils lui dirent alors :
« Quel signe vas-tu accomplir
pour que nous puissions le voir, et te croire ?
Quelle œuvre vas-tu faire ?
Au désert, nos pères ont mangé la manne ;
comme dit l’Écriture :
Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
ce n’est pas Moïse
qui vous a donné le pain venu du ciel ;
c’est mon Père
qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
Car le pain de Dieu,
c’est celui qui descend du ciel
et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors :
« Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. »
Jésus leur répondit :
« Moi, je suis le pain de la vie.
Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ;
celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »

– Acclamons la Parole de Dieu.



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