Homélie pour le 19e dimanche du temps ordinaire Année C : « Le Maître se fait serviteur »

Hermann Giguère

Homélies dominicales pour les temps liturgiques. Homélie pour le 19e dimanche du temps ordinaire Année C le 7 août 2022 à la Chapelle du Lac Poulin par Mgr Hermann Giguère P.H., du Séminaire de Québec recteur de cette desserte. Textes : Sagesse 18, 6-9, Hébreux 11, 1-2.8-19 et Luc 12, 32-48.

Cette scène est un peu étrangère à nos habitudes ici au Québec, même si elle peut faire partie encore de la vie courante dans d’autres parties du monde. Il y a longtemps qu’on n'a plus ici de serviteurs, de servantes, de domestiques. Il y a longtemps qu’on n’a pas besoin d’allumer des flambeaux le soir ou des lampes à l’huile.

C’est une des difficultés de l’évangile et de la Bible en général. Comme me disait quelqu’un : « Toutes ces scènes d’une autre culture, ça ne nous dit pas grand-chose, pourquoi lire cela à l’église? » Et pourtant, c’est à travers ces récits, ces images que Dieu veut nous parler encore aujourd’hui. Il nous laisse un message. Il nous fait signe.

I – La scène : un maître et des serviteurs

Revenons donc à notre scène du maître qui revient des noces. Les serviteurs se tiennent prêts. Ils ne se laissent pas aller à dormir. Ils sont vigilants. Ils ne pensent pas à eux d‘abord, mais au maître. Ils sont tournés vers lui. Ils veulent son bien. Ils veulent qu’il soit heureux et content. Ils s’oublient eux-mêmes un peu comme des parents le font pour leurs enfants.

Voilà la scène de départ, le premier acte de la pièce de théâtre, pourrait-on dire, et qu'est-ce qui se passe? Le maître arrive et la situation est complètement renversée littéralement. Coup de théâtre. Les serviteurs tombent sur le dos. Ils n’en croient pas leur yeux. C’est leur maître qui les sert lui-même, qui les fait manger. Ils sont abasourdis, car ce n’est pas ainsi d’habitude dans la vie des maîtres et des serviteurs.

Voilà le récit, l’histoire que raconte Jésus. Quel est le message pour nous selon vous? La réponse est dans le renversement. Jésus veut nous dire ici que lui - le Maître - il n’agit pas comme les maîtres ordinaires. Il agit comme un maître d’un genre particulier. Il vient à notre secours. Il vient donner sa vie au service de l’Humanité. Il ne vient pas dominer, écraser. Il vient servir…jusqu’à donner tout ce qu’’il a pour nous, pour nous sauver. C’est cela le vrai service.

Vous voyez donc le pourquoi de ce petit récit bien simple qui fait appel à des habitudes que nous n’avons plus. Il garde quand même son intérêt. Car l’enseignement qu’il nous transmet est encore valable aujourd’hui et n’est pas sans conséquence si nous le prenons au sérieux

II – Comme Lui

Une première conséquence de cette attitude de service qui est au cœur de la vie de Jésus nous concerne tous et toutes. Jésus par ce récit veut nous dire que, comme le disciple n’est pas au-dessus du maître, nous ses disciples nous devons faire comme lui. Un chant de Robert Lebel que vous connaissez bien le dit admirablement : « Comme Lui, savoir dresser la table Comme Lui, nouer le tablier Se lever chaque jour et servir par amour Comme Lui. »

Pourquoi faire comme Lui ? Parce qu’il n’est plus là physiquement. Il est présent par ses disciples qui témoignent de Lui. Le Christ ce sont les chrétiens, le Christ c’est nous, nous sommes son Corps mystique, c'est à travers nous que les autres, nos contemporains, peuvent voir le Christ.

Vous êtes le Corps du Christ dit saint Paul aux chrétiens de Corinthe. Cela m’amène à me demander - à moi et que chacun et chacune se le demande à lui ou à elle aussi : « Est-ce que je pense de temps en temps à rendre témoignage de ma foi, à rendre le Christ visible? Est-ce que je veux le faire malgré mes limites et mes péchés? »

III – Des serviteurs dans l’attente

Une deuxième conséquence qui ressort de ce beau récit c’est une invitation à la vigilance dans l’attente de la venue du Maître qui se met au service de ses serviteurs. Nous sommes invités à être toujours dans l’attente de la venue de Dieu dans nos vies de chaque jour.

Les disciples de Jésus sont des êtres d’attente comme la femme qui attend un enfant, comme le jeune qui attend le spectacle de son groupe rock préféré etc.

Jésus nous dit aujourd’hui « Vous rencontrerez un jour Celui que vous cherchez. Vous êtes ‘programmés’ pour une rencontre exceptionnelle, à ne pas manquer. … Un jour quelqu’un frappera à votre porte, quelqu’un qui vous connaît bien et vous aime… ce sera au soir de votre vie, ce sera le Grand Rendez-vous. Tenez-vous prêts dès maintenant, soyez prêts avec vos lampes allumées ». C'est direct et clair : le disciple de Jésus se sait en marche vers une demeure où Jésus est déjà arrivé et où il l'attend.

Conclusion

Que cette Eucharistie nous aide à nous laisser changer de plus en plus, à développer comme Jésus notre Maître cet esprit de service d’un véritable disciple qui marche à la suite de celui qui s’est fait le Serviteur parfait.

Comme l’écrit saint Paul aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. » (Philippiens 2, 5-10)

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


2 août 2022



LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire » (Sg 18, 6-9)
Lecture du livre de la Sagesse

La nuit de la délivrance pascale
avait été connue d’avance par nos Pères ;
assurés des promesses auxquelles ils avaient cru,
ils étaient dans la joie.
Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes
et la ruine de leurs ennemis.
En même temps que tu frappais nos adversaires,
tu nous appelais à la gloire.
Dans le secret de leurs maisons,
les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice,
et ils consacrèrent d’un commun accord cette loi divine :
que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ;
et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22)
R/ Heureux le peuple
dont le Seigneur est le Dieu. (Ps 32, 12a)

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine !

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !

DEUXIÈME LECTURE
« Abraham attendait la ville dont le Seigneur lui-même est le bâtisseur et l’architecte » (He 11, 1-2.8-19)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères,
la foi est une façon de posséder ce que l’on espère,
un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.
Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens,
c’est à cause de leur foi.

Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu :
il partit vers un pays
qu’il devait recevoir en héritage,
et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré
dans la Terre promise, comme en terre étrangère ;
il vivait sous la tente,
ainsi qu’Isaac et Jacob,
héritiers de la même promesse,
car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations,
la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.

Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge,
fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance
parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.
C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort,
a pu naître une descendance aussi nombreuse
que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer,
une multitude innombrable.

C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses,
qu’ils sont tous morts ;
mais ils l’avaient vue et saluée de loin,
affirmant que, sur la terre,
ils étaient des étrangers et des voyageurs.
Or, parler ainsi, c’est montrer clairement
qu’on est à la recherche d’une patrie.
S’ils avaient songé à celle qu’ils avaient quittée,
ils auraient eu la possibilité d’y revenir.
En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure,
celle des cieux.
Aussi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu,
puisqu’il leur a préparé une ville.

Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve,
Abraham offrit Isaac en sacrifice.
Et il offrait le fils unique,
alors qu’il avait reçu les promesses
et entendu cette parole :
C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom.
Il pensait en effet
que Dieu est capable même de ressusciter les morts ;
c’est pourquoi son fils lui fut rendu :
il y a là une préfiguration.

– Parole du Seigneur.



OU LECTURE BREVE

DEUXIÈME LECTURE
« Abraham attendait la ville dont le Seigneur lui-même est le bâtisseur et l’architecte » (He 11, 1-2.8-12)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères,
la foi est une façon de posséder ce que l’on espère,
un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.
Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens,
c’est à cause de leur foi.

Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu :
il partit vers un pays
qu’il devait recevoir en héritage,
et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré
dans la Terre promise, comme en terre étrangère ;
il vivait sous la tente,
ainsi qu’Isaac et Jacob,
héritiers de la même promesse,
car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations,
la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.

Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge,
fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance
parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.
C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort,
a pu naître une descendance aussi nombreuse
que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer,
une multitude innombrable.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE
« Vous aussi, tenez-vous prêts » (Lc 12, 32-48)
Alléluia. Alléluia.
Veillez, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y pensez pas
que le Fils de l’homme viendra.
Alléluia. (cf. Mt 24, 42a.44)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Sois sans crainte, petit troupeau :
votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous possédez
et donnez-le en aumône.
Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas,
un trésor inépuisable dans les cieux,
là où le voleur n’approche pas,
où la mite ne détruit pas.
Car là où est votre trésor,
là aussi sera votre cœur.
Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins,
et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis :
c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table
et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous le savez bien :
si le maître de maison
avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors :
« Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole,
ou bien pour tous ? »
Le Seigneur répondit :
« Que dire de l’intendant fidèle et sensé
à qui le maître confiera la charge de son personnel
pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?
Heureux ce serviteur
que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Vraiment, je vous le déclare :
il l’établira sur tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit en lui-même :
‘Mon maître tarde à venir’,
et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes,
à manger, à boire et à s’enivrer,
alors quand le maître viendra,
le jour où son serviteur ne s’y attend pas
et à l’heure qu’il ne connaît pas,
il l’écartera
et lui fera partager le sort des infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître,
n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté,
recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas,
et qui a mérité des coups pour sa conduite,
celui-là n’en recevra qu’un petit nombre.
À qui l’on a beaucoup donné,
on demandera beaucoup ;
à qui l’on a beaucoup confié,
on réclamera davantage. »

– Acclamons la Parole de Dieu.



OU LECTURE BREVE

ÉVANGILE
« Vous aussi, tenez-vous prêts » (Lc 12, 35-40)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins,
et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis :
c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table
et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous le savez bien :
si le maître de maison
avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »

– Acclamons la Parole de Dieu.



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