Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année A « Les vignerons homicides »
Hermann Giguère
Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P. H. du Séminaire de Québec. Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année A le 4 octobre 2020. Textes : Isaïe 5, 1-7, Philippiens 4, 6-9 et Mathieu 21, 33-43.
Le récit de l'évangile qui vient d’être lu est d’une violence qui heurte aujourd’hui. Il peut faire penser aux propos des radicaux de toutes sortes dont nous parlent les actualités. En effet, il y a dans cette parabole un radicalisme qui demande quelques explications.
Si on se contente de la lire avec nos sensibilités d’aujourd’hui, on n’y comprend pas grand chose ou on la rejette carrément. Il faut donc se donner la peine, d'une part, de situer les paroles de Jésus dans leur cadre historique et, d’autre part, d’en chercher le message.
I – Le cadre historique de la parabole des vignerons homicides
La parabole des vignerons homicides comme il est convenu de désigner ce passage de l’évangile selon saint Mathieu fait partie d’un ensemble qui porte sur le Royaume de Dieu parmi nous.
Pour les juifs du temps de Jésus, le Royaume de Dieu s’incarne dans leur peuple d’Israël. C’est lui le Royaume de Dieu. Avec cette clé on peut relire la parabole en l’appliquant d’abord à Israël. Pour le peuple d’Israël, Dieu s’est manifesté en faisant alliance avec leur ancêtre Abraham. Comme le maître du domaine dont parle la parabole, Dieu plante et arrose sa vigne qu’est Israël par sa Parole et par ses prophètes qui enseignent le peuple. Ceux-ci sont représentés ici par les serviteurs de la parabole.
Comme ces serviteurs, les prophètes de l’Israël ancien rappellent les lois de Dieu et les exigences de l’Alliance avec Abraham. Comme les serviteurs, ils sont persécutés, même mis à mort. Israël, la vigne du Seigneur dont il attendait de beaux raisins, en a donné de mauvais comme le dit le prophète Isaïe dans la première lecture. Mais Dieu, comme le maître du domaine, ne se décourage pas. Comme celui-ci, il leur envoie en dernier lieu son fils bien-aimé. C’est Jésus. Il subit comme le fils de l’évangile le rejet et la mort infamante sur une croix.
Voilà sous forme imagée une brève histoire du salut que Dieu offre et dont Jésus est le messager.
II – Le message
Si Jésus raconte cette histoire dans les images dures et violentes que nous avons lues, c’est pour frapper l’imagination de ses auditeurs et les pousser à la conversion.
On doit comprendre que les images utilisées le sont, non pour proposer un mode de vie, mais pour susciter, chez ceux et celles qui écoutent Jésus, un engagement différent de celui de leurs prédécesseurs qui ont refusé et tué les prophètes.
Quel est cet engagement? C’est l’accueil de Jésus lui-même, le prophète des prophètes. Celui-ci se présente d’ailleurs dans le commentaire qu’il donne de la parabole comme la pierre angulaire de la nouvelle demeure de Dieu : « La pierre qu’on rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l'œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ».
Désormais la demeure du Seigneur est ouverte à tous et à toutes. « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé, dit Jésus en pensant à Israël, pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits ». Cette nouvelle nation est une terre où Dieu s’emploie avec les ouvrières et ouvriers que nous sommes à faire produire la vigne. Cette vigne est faite de multiples cépages. « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, » dira Jésus aux Apôtres en Galilée à la montagne où il leur avait demandé de se rendre après sa résurrection. (Mathieu 28, 19)
III – Application
L’Alliance faite avec Abraham et le peuple d’Israël ne souffre plus de frontières désormais. Elle n’est plus réservée à ceux qui ont la circoncision c'est-à-dire au peuple d'Israël. Elle peut se vivre par tous ceux et celles qui acceptent d’être baptisés au nom de Jésus et de le reconnaître comme leur Maître et Seigneur, comme la pierre angulaire sur laquelle s’appuie et se construit l’édifice spirituel de leur vie et du Royaume de Dieu.
Vous voyez que cette parabole de Jésus sur les vignerons homicides, malgré la violence qu’on y trouve, comporte un message des plus ouverts pour nous aujourd’hui. En effet, nous sommes invités à reconnaître le Royaume de Dieu déjà à l‘œuvre dans notre monde. « Le Royaume de Dieu est au milieu de nous » dit Jésus (Luc 17, 21).
Ce Royaume advient lorsque deux ou trois se réunissent au nom de Jésus (Mathieu 18, 20), lorsque le pauvre est évangélisé, lorsque le malade est visité, lorsque les sourds entendent, lorsque les aveugles voient etc. (cf. Mathieu 25, 34-40, Luc 4 16-20, Marc 16, 17-18) Tels sont les fruits de la venue du Royaume de Dieu.
Conclusion
À chaque Eucharistie le président nous invite en terminant à aller sur les chemins de nos vies et de notre monde pour annoncer et redire la Bonne Nouvelle que nous avons découverte en Jésus. « Allez dans la paix du Christ » nous dit-il.
Je nous redis la même chose au terme de cette homélie : « Allons et soyons chacun et chacune, selon nos possibilités et selon notre état de vie, des témoins de Jésus-Christ aujourd’hui ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
29 septembre 2020
Si on se contente de la lire avec nos sensibilités d’aujourd’hui, on n’y comprend pas grand chose ou on la rejette carrément. Il faut donc se donner la peine, d'une part, de situer les paroles de Jésus dans leur cadre historique et, d’autre part, d’en chercher le message.
I – Le cadre historique de la parabole des vignerons homicides
La parabole des vignerons homicides comme il est convenu de désigner ce passage de l’évangile selon saint Mathieu fait partie d’un ensemble qui porte sur le Royaume de Dieu parmi nous.
Pour les juifs du temps de Jésus, le Royaume de Dieu s’incarne dans leur peuple d’Israël. C’est lui le Royaume de Dieu. Avec cette clé on peut relire la parabole en l’appliquant d’abord à Israël. Pour le peuple d’Israël, Dieu s’est manifesté en faisant alliance avec leur ancêtre Abraham. Comme le maître du domaine dont parle la parabole, Dieu plante et arrose sa vigne qu’est Israël par sa Parole et par ses prophètes qui enseignent le peuple. Ceux-ci sont représentés ici par les serviteurs de la parabole.
Comme ces serviteurs, les prophètes de l’Israël ancien rappellent les lois de Dieu et les exigences de l’Alliance avec Abraham. Comme les serviteurs, ils sont persécutés, même mis à mort. Israël, la vigne du Seigneur dont il attendait de beaux raisins, en a donné de mauvais comme le dit le prophète Isaïe dans la première lecture. Mais Dieu, comme le maître du domaine, ne se décourage pas. Comme celui-ci, il leur envoie en dernier lieu son fils bien-aimé. C’est Jésus. Il subit comme le fils de l’évangile le rejet et la mort infamante sur une croix.
Voilà sous forme imagée une brève histoire du salut que Dieu offre et dont Jésus est le messager.
II – Le message
Si Jésus raconte cette histoire dans les images dures et violentes que nous avons lues, c’est pour frapper l’imagination de ses auditeurs et les pousser à la conversion.
On doit comprendre que les images utilisées le sont, non pour proposer un mode de vie, mais pour susciter, chez ceux et celles qui écoutent Jésus, un engagement différent de celui de leurs prédécesseurs qui ont refusé et tué les prophètes.
Quel est cet engagement? C’est l’accueil de Jésus lui-même, le prophète des prophètes. Celui-ci se présente d’ailleurs dans le commentaire qu’il donne de la parabole comme la pierre angulaire de la nouvelle demeure de Dieu : « La pierre qu’on rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l'œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ».
Désormais la demeure du Seigneur est ouverte à tous et à toutes. « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé, dit Jésus en pensant à Israël, pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits ». Cette nouvelle nation est une terre où Dieu s’emploie avec les ouvrières et ouvriers que nous sommes à faire produire la vigne. Cette vigne est faite de multiples cépages. « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, » dira Jésus aux Apôtres en Galilée à la montagne où il leur avait demandé de se rendre après sa résurrection. (Mathieu 28, 19)
III – Application
L’Alliance faite avec Abraham et le peuple d’Israël ne souffre plus de frontières désormais. Elle n’est plus réservée à ceux qui ont la circoncision c'est-à-dire au peuple d'Israël. Elle peut se vivre par tous ceux et celles qui acceptent d’être baptisés au nom de Jésus et de le reconnaître comme leur Maître et Seigneur, comme la pierre angulaire sur laquelle s’appuie et se construit l’édifice spirituel de leur vie et du Royaume de Dieu.
Vous voyez que cette parabole de Jésus sur les vignerons homicides, malgré la violence qu’on y trouve, comporte un message des plus ouverts pour nous aujourd’hui. En effet, nous sommes invités à reconnaître le Royaume de Dieu déjà à l‘œuvre dans notre monde. « Le Royaume de Dieu est au milieu de nous » dit Jésus (Luc 17, 21).
Ce Royaume advient lorsque deux ou trois se réunissent au nom de Jésus (Mathieu 18, 20), lorsque le pauvre est évangélisé, lorsque le malade est visité, lorsque les sourds entendent, lorsque les aveugles voient etc. (cf. Mathieu 25, 34-40, Luc 4 16-20, Marc 16, 17-18) Tels sont les fruits de la venue du Royaume de Dieu.
Conclusion
À chaque Eucharistie le président nous invite en terminant à aller sur les chemins de nos vies et de notre monde pour annoncer et redire la Bonne Nouvelle que nous avons découverte en Jésus. « Allez dans la paix du Christ » nous dit-il.
Je nous redis la même chose au terme de cette homélie : « Allons et soyons chacun et chacune, selon nos possibilités et selon notre état de vie, des témoins de Jésus-Christ aujourd’hui ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
29 septembre 2020