Homélie pour le 2e dimanche de Pâques ou Dimanche de la Miséricorde divine Année B « Huit jours plus tard... »

Hermann Giguère

Homélies dominicales pour les temps liturgiques. Homélie pour le 2e dimanche de Pâques ou Dimanche de la Miséricorde divine Année B par Mgr Hermann Giguère P.H., du Séminaire de Québec le 11 avril 2021. Textes: Actes 4, 32-35, 1 Jean 5, 1-6 et Jean 20, 19-31.

Nous avons aujourd'hui dans l’évangile que je viens de lire deux rencontres de Jésus Ressuscité avec les siens. Saint Jean en a conservé le souvenir avec un soin précis et il raconte en détail ces deux rencontres. Il les situe dans le temps, la première, le soir de la Résurrection, et la seconde, huit jours plus tard. À ces deux rencontres rapportées par le récit de saint Jean, s'ajoute dans la première lecture tirée des Actes des Apôtres une autre rencontre avec Jésus dans la communauté chrétienne de Jérusalem des années plus tard.

Regardons de près chacune de ces rencontres pour en tirer un enseignement pour nous aujourd’hui : surprise d'une présence, vérité d'une présence et rayonnement d'une présence.

I - La surprise d’une présence

Commençons par la première rencontre qui a lieu le soir de Pâques. Saint Jean insiste pour montrer que celui que les disciples voient n'est pas comme un fantôme ni comme le héros d’une bande dessinée. Il est différent... mais il est le même qu’ils ont connu. Il n’est plus limité par les barrières humaines, comme « les portes du lieu où se trouvaient les disciples [qui] étaient verrouillées par crainte des Juifs ». Et saint Jean raconte que Jésus Ressuscité est là au milieu d’eux. C’est réellement lui, pas de doute possible, malgré la surprise de cette présence. Il leur montre ses mains et son côté marqués par les coups de la Passion.

C’est bien le Jésus qu’ils ont connu et aimé. Ils le voient réellement. Et la suite du récit de cette rencontre nous montre, selon saint Jean, comment les disciples vivent cette visite surprenante pour eux .

Ils le font dans une attitude ouverte et fraternelle. Le souhait de la paix les pénètre et ils auront à coeur de le transmettre à leur tour par la suite. Les disciples sont remplis de joie car ils peuvent vivre de nouveau leur relation avec Jésus dans la proximité et la confiance. Cette relation nouvelle va durer au-delà des jours et des lieux. Elle les fait entrer dans une vie qui n’a plus les limites qu’on connaît habituellement. Elle est d’un autre ordre. Elle est un don de Dieu que le Ressuscité fait partager.

Et puis saint Jean raconte que Jésus Ressuscité impose les mains aux disciples en leur disant: « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Et il ajoute en soufflant sur eux : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ». Ces dernières paroles font partie des paroles essentielles qu’on a retenues de la prédication de Jésus qui est venu pour sauver ce qui était perdu (cf. Luc 19, 10) et pour remettre dans l'Amour de Dieu ceux et celles qui le reconnaissent comme leur Sauveur.

II - La vérité d’une présence

Cette reconnaissance de Jésus comme Sauveur qui réconcilie l’humanité avec le Père par sa Mort et sa Résurrection est bien mise en valeur dans la deuxième rencontre qui, huit jours plus tard, s’inscrit dans la suite de celle du soir de Pâques. Elle illustre la vérité d'une présence. C’est celui qui s’est joint aux autres disciples pour vérifier leurs dires, l’apôtre Thomas, qui en est le protagoniste.

Cette reconnaissance de Jésus Sauveur éclate à la fin de la rencontre dans le célèbre « Mon Seigneur et mon Dieu » que lance Thomas en se jetant aux pieds de Jésus. Cet acte de foi qui deviendra le modèle de tous les actes de foi que nous sommes appelés à faire s’est produit dans les hésitations et même les dénégations, mais il a transformé celui qui l'a fait.

Thomas, nous raconte saint Jean, se faisait provocant en disant « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »….je ne croirai pas que Jésus est toujours vivant. Et le Ressuscité entend cette provocation, il y répond de façon spectaculaire en disant à Thomas « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Thomas reconnaît son erreur, car oui! Jésus est bien toujours vivant, sa présence est bien vraie. Il s’écrit « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Tout est dit. Il n’y a rien à ajouter. Ce Jésus que Thomas a fréquenté de près est bien le Sauveur attendu par Israël. Il a vécu l’humiliation du Serviteur souffrant durant la Passion. Maintenant il est ressuscité et exalté par son Père qui le fait Seigneur et des morts et de vivants.

III – Le rayonnement d’une présence

Ce merveilleux texte de souvenirs de la présence de Jésus auprès de ses disciples le soir de Pâques que nous raconte saint Jean est accompagné dans la liturgie d’aujourd’hui par un autre texte qui nous est proposé dans la première lecture qui nous montre le rayonnement de la présence nouvelle de Jésus.

Ce texte des Actes des Apôtres rapporte des souvenirs qu’on doit à saint Luc qui nous manifeste dans ces quelques lignes comment la présence de Jésus reçue et découverte par les disciples après Pâques est allée bien au-delà de leurs personnes. Elle s’est incrustée, dirais-je, dans les cœurs de ceux et celles qui ont, comme Thomas, reconnu Jésus comme leur « Seigneur » et leur « Dieu » et elle a rayonné autour d'eux.

Nous en avons un merveilleux exemple dans ce texte de la première lecture. La présence du Ressuscité est au milieu des premiers chrétiens comme elle l'était au milieu des disciples le soir de Pâques. C'est cette présence du Seigneur Ressuscité qui fait que « la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ». Ils forment ainsi une communauté tissée serrée qui partage et met tout en commun, même les ressources matérielles.

Cette communauté primitive de Jérusalem a essaimé en de nombreuses parties de l’empire romain, en Asie, en Grèce et même à Rome. Les textes d’aujourd’hui nous en donne une image qui révèle la puissance du Ressuscité et de son message que les disciples après la Pentecôte ont répandu autour d’eux et qui a réuni petit à petit de nombreuses personnes de toutes langues et de toutes nations dont nous sommes. Nous sommes, en effet, les héritiers de ces premiers chrétiens. Il nous revient à nous aussi d'aller proclamer le message de Jésus dans notre monde d’aujourd’hui.

Conclusion

Vous me demanderez comment le faire? La seconde lecture nous donne la meilleure réponse qui soit et que les chrétiens ont suivie – malhabilement parfois - au cours des siècles : « Croire que Jésus est le Fils de Dieu. C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang ». Le croire et le dire. Au Québec, on est devenu de personnes frileuses dans l'affirmation de notre foi au Christ. On veut se fondre dans la masse, on ne veut pas prendre trop de place, on porte avec un peu de peur les rejets et les sarcasmes etc.

« Croire et dire que Jésus est le Fils de Dieu » quelle belle mission ! Pour ce faire nous avons avec nous l’Esprit de Jésus qui ne nous fera jamais défaut. Le texte de la deuxième lecture le dit explicitement : « Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité ». Que l’Esprit soit avec vous et fasse de vous des témoins de Jésus-Christ, Fils de Dieu à qui nous redisons, comme Thomas « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Un mot en terminant pour souligner que le pape saint Jean-Paul II a fait de ce 2e Dimanche de Pâques le Dimanche de la Miséricorde divine en réponse aux demandes venues de sainte Faustine Kowalska (1905-1938) qui a vécu dans le diocèse de Cracovie dont il avait été évêque avant de devenir pape. Sainte Faustine demande de souligner à chaque jour le moment de la mort de Jésus en s'arrêtant à 3 heures de l'après-midi et recommande de répéter souvent l’invocation « Jésus, j’ai confiance en toi ». La dévotion au Christ miséricordieux a pris avec elle un élan remarquable dans tous les milieux grâce à une image qui est reproduite au peu partout où on voit les rayons de la miséricorde sortir en faisceau du Coeur de Jésus.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec



6 avril 2021


« Car la foi de ceux qui n’ont pas vu se fonde en effet sur le témoignage des apôtres qui l’ont vu ressuscité et dont le témoignage est scellé par le martyre. Ils meurent en sachant qu’ils meurent dans le Christ et qu’ils ressusciteront en lui et avec lui. Fondée sur les apôtres, l’Église est sainte et "apostolique" et la foi de l’Église est partagée par tous ses membres. »

Ysabel de Andia


















Véritable tableau de Jésus Miséricordieux, par Eugeniusz Kazimirowski en 1934). Le seul qui ait été peint sous les indications de sainte Faustine, contrairement au tableau d'Adolf Hyła peint en 1943 après la mort de sainte Faustine et souvent plus connu. (Crédits photo :  Wikimedia Commons)
Véritable tableau de Jésus Miséricordieux, par Eugeniusz Kazimirowski en 1934). Le seul qui ait été peint sous les indications de sainte Faustine, contrairement au tableau d'Adolf Hyła peint en 1943 après la mort de sainte Faustine et souvent plus connu. (Crédits photo : Wikimedia Commons)
LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32-35)
Lecture du livre des Actes des Apôtres

La multitude de ceux qui étaient devenus croyants
avait un seul cœur et une seule âme ;
et personne ne disait
que ses biens lui appartenaient en propre,
mais ils avaient tout en commun.
C’est avec une grande puissance
que les Apôtres rendaient témoignage
de la résurrection du Seigneur Jésus,
et une grâce abondante reposait sur eux tous.
Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence,
car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons
les vendaient,
et ils apportaient le montant de la vente
pour le déposer aux pieds des Apôtres ;
puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24)
R/ Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
ou : Alléluia ! (117,1)

Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.
Il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé,
mais sans me livrer à la mort.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !

DEUXIÈME LECTURE

« Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde » (1 Jn 5, 1-6)
Lecture de la première lettre de saint Jean

Bien-aimés,
celui qui croit que Jésus est le Christ,
celui-là est né de Dieu ;
celui qui aime le Père qui a engendré
aime aussi le Fils qui est né de lui.

Voici comment nous reconnaissons
que nous aimons les enfants de Dieu :
lorsque nous aimons Dieu
et que nous accomplissons ses commandements.
Car tel est l’amour de Dieu :
garder ses commandements ;
et ses commandements ne sont pas un fardeau,
puisque tout être qui est né de Dieu
est vainqueur du monde.
Or la victoire remportée sur le monde,
c’est notre foi.
Qui donc est vainqueur du monde ?
N’est-ce pas celui qui croit
que Jésus est le Fils de Dieu ?

C’est lui, Jésus Christ,
qui est venu par l’eau et par le sang :
non pas seulement avec l’eau,
mais avec l’eau et avec le sang.
Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit,
car l’Esprit est la vérité.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE
« Huit jours plus tard, Jésus vient » (Jn 20, 19-31)
Alléluia. Alléluia.
Thomas, parce que tu m’as vu, tu crois,
dit le Seigneur.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu !
Alléluia. (Jn 20, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus.
Le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés,
ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés,
ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas,
appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :

« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté,
non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard,
les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison,
et Thomas était avec eux.
Jésus vient,
alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d’eux.
Il dit :
« La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;
avance ta main, et mets-la dans mon côté :
cesse d’être incrédule,
sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Parce que tu m’as vu, tu crois.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits
pour que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

– Acclamons la Parole de Dieu.



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