Homélie pour le 6e dimanche de Pâques Année C : « Un discernement porteur de paix »

Hermann Giguère

Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec. Homélie pour le 6e dimanche de Pâques Année C le 22 mai 2022. Textes : Actes des Apôtres 15, 1-2.2-29, Apocalypse 21,10-14.22-23, Jean, 14, 23-29.

Le pape François, en bon jésuite, lorsqu'il traite des problèmes et des questions qui se posent aujourd’hui aborde souvent ces points dans une perspective de discernement. Cette « approche » de discernement n’est pas nouvelle dans l’Église. Elle a commencé très tôt car, dès les débuts de l'Église, les questions posées n’étaient pas faciles.

I- Le Concile de Jérusalem : une première expérience de discernement communautaire

La première lecture nous en donne un exemple parlant. On se demandait alors, vers l’an 50, après Jésus-Christ s’il fallait obliger tout le monde à continuer de suivre les lois culinaires des juifs, comme se priver de manger du porc, continuer de faire la circoncision aux enfants et l'imposer aux païens convertis. Le problème divisait la communauté.

Qu’est-ce qu’on a fait? On a procédé à un discernement communautaire. Saint Paul, le grand prédicateur, est monté à Jérusalem avec Barnabé pour rencontrer les autres apôtres et les fidèles. On a prié, on a dialogué, on a échangé, on a pesé le pour et le contre et finalement on a pris une décision avec l’aide de l’Esprit Saint, car le discernement n'est pas seulement une analyse mais il implique un choix pour l'agir.

On a donc proposé une ligne de conduite claire et précise qui a été acceptée par la communauté et qui a amené la paix : « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d'autres obligations que celles-ci, qui s'imposent : vous abstenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang ou de la viande non saignée, et vous abstenir des unions illégitimes. En évitant tout cela, vous agirez bien. Courage. »

Cette démarche est connue sous le nom de Concile de Jérusalem et est regardé comme le premier concile de l’histoire chrétienne.

II- Une expérience d’Église

Cet épisode nous est rappelé aujourd’hui dans le sillage de Pâques et dans notre préparation à la fête de l'Ascension pour nous permettre de suivre nous aussi le chemin du discernement des signes de l'Esprit et de vivre aujourd’hui dans la confiance et l’abandon à l’action de l’Esprit dans nos communautés et dans l’Église.

Celle-ci comme les images de la seconde lecture le disent de façon symbolique est le rassemblement des personnes croyantes autour du Christ Seigneur, l’Agneau qui est au milieu non seulement comme celui qui trône dans sa gloire, mais comme celui qui continue de faire vivre son Corps qu’est l’Église dont il est « la source de lumière ». L’Église en effet, est un mystère qui dépasse les discussions, les prises de position, les échanges. Elle est une réalité spirituelle qui est reliée au Christ d’une façon spéciale reposant « sur [les] douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau ». C’est par le Christ Ressuscité qu’elle vit. C’est par Lui qu’elle existe. C’est par Lui qu’elle agit, ce qu'on expérimente de façon particulière dans les sacrements du Baptême, de la Confirmation et de l’Eucharistie, les sacrements de l’initiation chrétienne.

Ce mystère de l’Église est chanté par l’Apocalypse de saint Jean sous une forme poétique. Il est toujours en action. On le voit au début de l'histoire de l'Église dans ce Concile de Jérusalem. On le voit dans les gestes quotidiens des chrétiens et chrétiennes qui marchent à la suite de Jésus et qui donnent le témoignage d’une vie comme il le souhaite dans l’Évangile.

III- Le don de la paix : un don qui se transforme en joie

Les paroles de Jésus rapportées dans l’évangile que nous venons de lire nous orientent vers ce qui rend belle et précieuse la vie de l'Église avec Jésus : la paix reçue et partagée entre nous et autour de nous. « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés ».

Une paix qui n’est pas le confort béat et le laisser faire. Une paix remplie de présence, d’attention et de partage. Une paix qui assume les deuils et les départs, les craintes et les échecs et qui, ô surprise, engendre la joie, une joie qui ne se mesure pas sur les possessions et les sentiments uniquement, mais une joie qui vient du fond de l’âme où Dieu est toujours présent, où il demeure. « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui ».

Laissons notre coeur s'ouvrir à ce don de la paix tout particulièrement aujourd'hui au moment de l'échange d'un signe de cette paix que nous recevons du Seigneur dans chaque Eucharistie lorsque le célébrant nous dit après l'Agneau de Dieu « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous » et lorsqu'il nous invite à transmettre autour de nous cette paix reçue du Seigneur par une signe comme le geste de serrer la main, ou une accolade ou un mouvement de salutation de la tête etc.

Conclusion

En terminant, comme le souhaite Jésus, prions l’Esprit Saint, notre Défenseur, de nous garder dans la bonne voie - « Lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » - et de nous inspirer dans les discernements que nous avons à faire dans notre vie de tous les jours pour répondre avec générosité aux appels de Dieu.

Que notre communauté rassemblée autour de la Parole et du Pain et du Vin, Corps et Sang de Jésus, se laisse emporter dans le mystère de l’Église, Corps du Christ, en union avec Lui qui est toujours vivant et intercédant pour nous dans la gloire du ciel (cf. Hébreux 7, 25).

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


17 mai 2022




LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci qui s’imposent » (Ac 15, 1-2.22-29)
Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là,
des gens, venus de Judée à Antioche,
enseignaient les frères en disant :
« Si vous n’acceptez pas la circoncision
selon la coutume qui vient de Moïse,
vous ne pouvez pas être sauvés. »
Cela provoqua un affrontement ainsi qu’une vive discussion
engagée par Paul et Barnabé contre ces gens-là.
Alors on décida que Paul et Barnabé,
avec quelques autres frères,
monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens
pour discuter de cette question.
Les Apôtres et les Anciens
décidèrent avec toute l’Église
de choisir parmi eux
des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé.
C’étaient des hommes
qui avaient de l’autorité parmi les frères :
Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas.
Voici ce qu’ils écrivirent de leur main :
« Les Apôtres et les Anciens, vos frères,
aux frères issus des nations,
qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie,
salut !
Attendu que certains des nôtres, comme nous l’avons appris,
sont allés, sans aucun mandat de notre part,
tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi,
nous avons pris la décision, à l’unanimité,
de choisir des hommes que nous envoyons chez vous,
avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul,
eux qui ont fait don de leur vie
pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ.
Nous vous envoyons donc Jude et Silas,
qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé
de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations
que celles-ci, qui s’imposent :
vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles,
du sang,
des viandes non saignées
et des unions illégitimes.
Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela.
Bon courage ! »

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu’ils te rendent grâce tous ensemble !
ou : Alléluia. (Ps 66, 4)

Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.

La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

DEUXIÈME LECTURE
« Il me montra la Ville sainte qui descendait du ciel » (Ap 21, 10-14.22-23)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai vu un ange.
En esprit, il m’emporta
sur une grande et haute montagne ;
il me montra la Ville sainte, Jérusalem,
qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu :
elle avait en elle la gloire de Dieu ;
son éclat était celui d’une pierre très précieuse,
comme le jaspe cristallin.
Elle avait une grande et haute muraille,
avec douze portes et, sur ces portes, douze anges ;
des noms y étaient inscrits :
ceux des douze tribus des fils d’Israël.
Il y avait trois portes à l’orient,
trois au nord,
trois au midi,
et trois à l’occident.
La muraille de la ville reposait sur douze fondations
portant les douze noms des douze Apôtres de l’Agneau.
Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire,
car son sanctuaire,
c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers,
et l’Agneau.
La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer,
car la gloire de Dieu l’illumine :
son luminaire, c’est l’Agneau.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE
« L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 23-29)
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia. (Jn 14, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.

Je vous laisse la paix,
je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde
que je vous la donne.
Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit :
Je m’en vais,
et je reviens vers vous.
Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père,
car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant,
avant qu’elles n’arrivent ;
ainsi, lorsqu’elles arriveront,
vous croirez. »

– Acclamons la Parole de Dieu.



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