Homélie pour le dimanche de Pâques 2021 Année B « Pâques, printemps de Dieu... »

Hermann Giguère

Homélies dominicales pour les temps liturgiques. Homélie pour le dimanche de Pâques par Mgr Hermann Giguère P.H., du Séminaire de Québec le 4 avril 2021. Textes: Actes des Apôtres 10, 34c.37-43, Colossiens 3, 1-4 et Jean 20, 1-9 (Marie Madeleine au tombeau).

Dans les contrées de l’hémisphère nord, Pâques coïncide avec le début du printemps. C’est pourquoi la fête de Pâques est associée à la nouveauté, à la renaissance. À la fin d’un hiver, rigoureux parfois, Pâques marque le début d’une saison nouvelle. Les fleurs font leur apparition comme les jacinthes, les jonquilles et les crocus qui pointent sous la neige. Autrefois nos grand-mères sortaient leurs chapeaux de paille et leur robes fleuries neuves pour la grand-messe du matin de Pâques. C’est dans le même esprit que se continue à New York la Easter Parade sur le 5ème Avenue.

Cette année, malgré la pandémie de la CORONAVIRUS-19, nous pouvons laisser le joie de Pâques transparaître. La vie est plus forte que les virus.

Les mots : nouveauté, joie et espérance pourraient caractériser la fête de Pâques qui commence aujourd’hui et qui se continue les dimanches suivants jusqu'à la fête de l'Ascension.

I – Nouveauté

La nouveauté que représente la fête de Pâques se comprend si on se rappelle son origine lointaine qui remonte à la Pâque du peuple hébreu qui célébrait ainsi sa sortie d’Égypte où il était passé de l’esclavage à la liberté. Ce passage – ce que veut dire le mot Pâques en hébreu – a été au cœur de l’Alliance du peuple d’Israël avec Dieu et il l’est encore aujourd’hui pour nos frères et sœurs juifs

Les chrétiens ont donné à cette fête un sens nouveau. Elle célèbre la résurrection du Christ qui est passé de la mort à une vie nouvelle. Pâques est ainsi devenu, pour les chrétiens, le jour de la Résurrection de Jésus.

Marie Madeleine, Pierre et Jean dont il est question dans l’évangile, les autres apôtres, des femmes venues au tombeau, les disciples d'Emmaüs et plus de 500 frères, dira saint Paul, (I Corinthiens 15, 6) témoignent de cet évènement qui change le monde. Jésus mort sur la croix a été relevé du tombeau par son Père qui l’a établi Seigneur sur tout l'univers et sur tous les êtres vivants. Il devient selon l’expression du Père Teilhard De Chardin le « Point Omega » qui attire tout à lui et par qui toute la création rejoint Dieu le Père.

Quelle nouveauté extraordinaire! Dans cet esprit, il n’y a rien qui est impossible désormais. La mort et la vie sont réconciliés. Apparaît une vie nouvelle, une vie « pour Dieu » dit saint Paul (Romains 6, 10), dans laquelle le Christ nous entraîne et dont il vit éternellement.

II – Joie

Comment ne pas être dans la joie en réalisant que nous sommes appelés, qui que nous soyons, à suivre le Christ dans ce chemin nouveau et à entrer avec lui dans la vie en plénitude qu’il reçoit de Dieu et qu’il nous communique?

Les textes liturgiques laissent éclater cette joie avec emphase, en reprenant à tout moment des alléluias répétés, cette exclamation ALLELUIA qui est typique du temps de Pâques qui exprime la joie de fils et filles de Dieu renés de l’eau et de l’Esprit.

La joie de Pâques est une joie profonde qui touche tout l’être. Elle ne s’entend pas seulement d’une émotion passagère. Elle est une façon d’être, on pourrait dire un « état de joie ». La joie de Pâques irradie la vie des personnes baptisées d'une lumière qui rayonne autour d’elles. C’est une joie qui a vaincu le doute et qui se vit sans crainte car elle a trouvé la base où s’appuyer fermement : la résurrection de Jésus.

En effet, le Christ ressuscité envoie le message que la vie vaut la peine d’être vécue et que la mort n’est qu’un passage, car la vie à la suite de Jésus débouche sur la vie éternelle. Mort avec le Christ nous vivons en lui. Saint Paul l’écrit aux chrétiens de Rome lorsqu’il leur dit « pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Romains 10, 11). Refaisons souvent cette prière : « Père, accepte la vie que j'ai reçue de toi. Tu me l'as donnée sur la terre ici-bas pour qu'elle devienne porteuse de vie éternelle. Alleluia! Alleluia! »

III – Espérance

Les nouveautés de Pâques qu’un chansonnier liturgique québécois, le Père Robert Lebel, appelle « Printemps de Dieu, printemps du monde, printemps du cœur, printemps de Jésus-Christ » sont de l’ordre des semences qui nous sont données comme celles que nous mettons en terre en ce temps de printemps. Nouveautés remplies d’espoir, d’attente, d’ouverture.... Regardons le vaccin qui nous est offert contre la COVID-19 comme une semence à soutenir et à recevoir avec joie.

Si Pâques relève d’une foi à toute épreuve qui proclame que Jésus est ressuscité - qu'il est vraiment ressuscité - cette fête engendre aussi l’espérance sous toutes ses facettes. Sans cette vertu d’espérance, notre foi est incomplète. L’espérance est la vertu de la route. Elle représente l’élan qui anime le marcheur, l’élan qui préside à tous les projets de renouveau.

Oui, « cette petite fille espérance », comme disait Charles Péguy, a l’air toute petite, mais c’est elle qui, nous tenant par la main, nous guide vers le but recherché. Pour les baptisés que nous sommes ce but est l’entrée avec le Christ dans cette vie nouvelle qu’il expérimente comme ressuscité et à laquelle il nous associe par le baptême.

Le pape François décrit bien cela dans son Exhortation apostolique La Joie de l’Évangile : « La résurrection du Christ produit partout les germes de ce monde nouveau; et même s’ils venaient à être taillés, ils poussent de nouveau, car la résurrection du Seigneur a déjà pénétré la trame cachée de cette histoire, car Jésus n’est pas ressuscité pour rien. Ne restons pas en marge de ce chemin de l’espérance vivante! » (La joie de l’Évangile numéro 278)

Conclusion

En conclusion de ce Carême où nous avons découvert la personne de Jésus de façon plus intime, que la fête de Pâques nous permette de nous laisser emporter avec lui dans la joie d’être aimé de Dieu notre Père et de le manifester autour de nous. Un chrétien joyeux est un chrétien missionnaire. Notre Pape François en est l’illustration parfaite.

Je reprends ses paroles pour vous souhaiter Joyeuses Pâques : « Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire, dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit afin que tous nous puissions revivre l’expérience des disciples d’Emmaüs : écouter la parole du Seigneur et nous nourrir du Pain eucharistique pour permettre à notre cœur de redevenir brûlant de foi, d’espérance et de charité.»


Joyeuses Pâques!


Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité!
Χριστὸς ἀνέστη! Ἀληθῶς ἀνέστη!
Christos anesti! Alithos anesti!

Amen!


Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec


30 mars 2021






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Robert Lebel est un prêtre et un chansonnier liturgique québécois bien connu non seulement au Québec mais également dans les Maritimes, dans l’Ouest Canadien, en France ainsi qu’en Belgique, où il voyage pour interpréter ses chants de louanges.

Site internet http://www.robertlebel.com/

Paroles du chant Pâques, printemps de Dieu !

Pâques, printemps de Dieu !
Pâques, printemps du monde!
Pâques, printemps du cœur!
Pâques de Jésus-Christ!


1 - Quand renaîtront sur les branches
Les bourgeons inespérés,
Quand reviendront les oies blanches
De leurs terres d'émigrés,
Nous fêterons la revanche
Du présent sur le passé
Et comme au premier dimanche
Le retour du Premier-Né.

Pâques, printemps de Dieu !
Pâques, printemps du monde !
Pâques, printemps du cœur !
Pâques de Jésus Christ !

2 - Quand se fendront les embâcles
Sous la force des ruisseaux
Et que les rochers de glace
Laisseront jaillir les eaux,
Nous fêterons le miracle
De la brèche du tombeau
Et comme au premier dimanche
La victoire de l'Agneau.

3 - Quand s'agitera la terre
À l'approche des lueurs
Et que sur nos champs austères
S'allumeront les couleurs,
Nous fêterons le mystère
D'une croix chargée de fleurs
Et comme au premier dimanche
La lumière du Sauveur.

Interprétation par France Descôteaux


















MESSE DU JOUR DE PÂQUES
PREMIÈRE LECTURE
« Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Ac 10, 34a.37-43)
Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là,
quand Pierre arriva à Césarée
chez un centurion de l’armée romaine,
il prit la parole et dit :
« Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs,
depuis les commencements en Galilée,
après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth,
Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance.
Là où il passait, il faisait le bien
et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable,
car Dieu était avec lui.
Et nous, nous sommes témoins
de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem.
Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice,
Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Il lui a donné de se manifester,
non pas à tout le peuple,
mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance,
à nous qui avons mangé et bu avec lui
après sa résurrection d’entre les morts.
Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner
que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts.
C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage :
Quiconque croit en lui
reçoit par son nom le pardon de ses péchés. »

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(117 (118), 1.2, 16-17, 22-23)
R/ Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! (117, 24)

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

DEUXIÈME LECTURE
« Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ » (Col 3, 1-4)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens

Frères,
si vous êtes ressuscités avec le Christ,
recherchez les réalités d’en haut :
c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Pensez aux réalités d’en haut,
non à celles de la terre.

En effet, vous êtes passés par la mort,
et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie,
alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.

– Parole du Seigneur.



On peut aussi choisir le texte suivant.

DEUXIÈME LECTURE
« Purifiez-vous des vieux ferments, et vous serez une Pâque nouvelle » (1 Co 5, 6b-8)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères,
ne savez-vous
pas qu’un peu de levain suffit
pour que fermente toute la pâte ?
Purifiez-vous
donc des vieux ferments,
et vous serez une pâte nouvelle,
vous qui êtes le pain de la Pâque,
celui qui n’a pas fermenté.
Car notre agneau pascal a été immolé :
c’est le Christ.

Ainsi, célébrons la Fête,
non pas avec de vieux ferments,
non pas avec ceux de la perversité et du vice,
mais avec du pain non fermenté,
celui de la droiture et de la vérité.

– Parole du Seigneur.

SÉQUENCE
()
À la Victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange.

L'Agneau a racheté les brebis ;
le Christ innocent a réconcilié
l'homme pécheur avec le Père.

La mort et la vie s'affrontèrent
en un duel prodigieux.
Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne.

« Dis-nous, Marie Madeleine,
qu'as-tu vu en chemin ? »

« J'ai vu le sépulcre du Christ vivant,
j'ai vu la gloire du Réssuscité.

J'ai vu les anges ses témoins,
le suaire et les vêtements.

Le Christ, mon espérance, est réssuscité !
Il vous précédera en Galilée. »

Nous le savons : le Christ
est vraiment ressuscité des morts.

Roi victorieux,
prends-nous tous en pitié !
Amen.

ÉVANGILE
« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9)
Alléluia. Alléluia.
Notre Pâque immolée, c’est le Christ !
Célébrons la Fête dans le Seigneur !
Alléluia. (cf. 1 Co 5, 7b-8a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre
et l’autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple
pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ;
cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau ;
il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris
que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

– Acclamons la Parole de Dieu.

Au lieu de cet Évangile, on peut lire celui qui a été lu à la Veillée pascale.
Pour la messe du soir de Pâques, on peut aussi lire l’Évangile de Luc 24,13-35.




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