Homélie pour le 4e dimanche de Pâques Année C « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais »

Hermann Giguère

Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P.H. du Séminaire de Québec. Homélie du 12 mai 2019. Textes : Actes 13, 14.43-52, Apocalypse 7, 9.14b-17 et Jean 10, 27-30.

Nous avons ce matin un extrait de l’évangile de saint Jean qui reprend une image bien connue celle du bon pasteur ou bon berger. Dans cet extrait de l’évangile de saint Jean c'est Jésus lui-même qui nous explique ce que cette image signifie pour les relations mutuelles entre les brebis et le pasteur, entre nous et lui.

I – Le choix de l’image du bon pasteur

On est habitué à retrouver dans la bouche de Jésus des images de toutes sortes qui donnent lieu souvent à des histoires ou des paraboles comme celle de la semence ou celle du levain dans la pâte.

Ici, l’image du bon pasteur qu’emploie Jésus dans cet évangile est plus qu’une image. Jésus le précise d’entrée de jeu en disant « Je suis le bon pasteur », il ne dit pas « je suis comme le bon pasteur », mais « je suis le bon pasteur ». Puis il se charge lui-même de décrire ce que cela signifie pour lui.

Suivons-le.

II –Trois traits de la relation de Jésus, bon pasteur, avec nous

Le premier trait retenu par Jésus c’est celui de la réciprocité. « Moi, je les connais, et elles me suivent ».

Les deux, le pasteur et les brebis, ne peuvent se ficher de l’autre. Leur sort est lié à celui de l’autre. Les brebis ne peuvent partir sans le pasteur. Le pasteur ne peut s’éloigner d'elles et les laisser à elles-mêmes. Il est ainsi amené à développer une sollicitude continuelle de tous les instants. Même la nuit il dort avec une œil ouvert, comme on dit, comme le font les parents de jeunes enfants.

Quelle belle image du lien que Jésus a et veut développer avec chacun et chacune d’entre nous. Sa présence auprès de nous, n’est pas une présence intellectuelle et distante. Elle est une présence de tous les instants qui rejoint notre vie concrète. Il le promet lorsqu'il apparaît aux apôtres en Galilée avant l’Ascension : «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.» (Mathieu 28, 20)

Puisque nous sommes des brebis, nous sommes invités quant a nous à vivre avec notre pasteur une proximité et une intimité de tous les instants. Nous pouvons nous tourner vers lui en tout temps car il est toujours là. Nous sommes liés à lui, car sans lui nous ne pouvons par nos seules forces réaliser ce que nous devons faire pour répondre à l’appel de Dieu dans nos vies. Comme brebis nous sommes dépendants de notre pasteur. Le lien mutuel entre le pasteur et les brebis, entre Jésus et nous, est un lien serré et inviolable, ce qui fera dire à saint Paul dans sa Lettre aux Galates «  Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi ». (Galates 2, 20)

Le deuxième trait retenu par Jésus pour décrire ce qu’il est comme pasteur, c'est la relation affectueuse avec les brebis. « Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main ».

Jésus, le bon pasteur, est tellement proche des brebis qu’il prend même sur lui leurs péchés. Il a été à la recherche de la brebis perdue et il l'a portée sur ses épaules pour la ramener au bercail. Pour Jésus les brebis sont sa vie. Il a donné sa vie pour qu’elles vivent de la vie même de Dieu. Il les a réunies autour de lui pour les offrir au Père comme un sacrifice agréable et leur donner la vie éternelle.

Le troisième trait qui s'applique au pasteur qu'est Jésus, c'est la relation de communion des brebis avec lui et avec le Père : « personne ne peut les arracher de la main du Père ».

Ce lien de chaque brebis avec Jésus et avec le Père la fait entrer dans une communion de coeur et d’esprit avec Jésus et son Père dans laquelle il les entraîne, car comme il le dit : « Le Père et moi, nous sommes UN ».

La brebis que nous sommes vivra l'amour qui vient du Dieu-Amour (l'agapè). Elle entrera ainsi dans la communion entre Jésus et son Père. Le disciple de Jésus est appelé à partager cette communion du Père et du Fils avec ses frères et soeurs. Elle se reflétera dans le « aimons-nous les uns les autres » qui est un impératif incontournable pour le chrétien et pour toute communauté chrétienne. C'est ainsi que s'exprime la communion entre le pasteur et les brebis.

III – Application

Vous pouvez constater que l’image du pasteur a une belle résonance dans les paroles de Jésus aujourd'hui. Ces paroles de Jésus nous permettent d’aller plus loin dans la compréhension et l'expérience de nos relations avec Lui.

Le temps de Pâques est une belle occasion de nous laisser entraîner derrière le bon pasteur qu'est Jésus. Apprenons à être et à devenir de vraies « bonnes brebis ». Nous saurons éviter les chemins de traverses si nous prenons le temps de regarder celui qui se présente comme le bon pasteur, le bon berger. Celui-ci aime ses brebis. Son amour n’est pas un amour commandé, mais c’est un amour qui vient du cœur, qui le fait se pencher vers chacune des brebis avec sollicitude et avec attention.

Le texte de saint Jean nous a mis sur la piste de trois traits essentiels au pasteur qui ressortent des paroles mêmes de Jésus : réciprocité, affection et communion. Ces trois traits sont une invitation à les développer nous aussi dans nos vies à l'image du bon pasteur, du bon berger, Jésus qui est notre modèle et notre inspiration. En effet, nous sommes toutes et tous envoyés vers nos frères et soeurs pour les soutenir, les accompagner et les aimer comme le pasteur aime ses brebis poursuivant ainsi la mission d'annoncer « le salut jusqu’aux extrémités de la terre » comme le font Paul et Barnabé au début de l'Église dans le reportage coloré qu'en fait la première lecture.

Conclusion

Que l’Eucharistie que nous célébrons comme à chaque dimanche nous permette d’aller plus loin dans notre suite de Jésus, le bon pasteur, en tout temps, dans les moments plus difficiles et dans les moments joyeux, et que notre marche à sa suite nous conduise à la bergerie où il nous attend pour toujours. C'est ce que je nous souhaite à toutes et à tous.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


7 mai 2019

Note : Depuis 1985, il existe au Québec une association pour les jeunes qui porte le nom LES BREBIS DE JÉSUS, « un Mouvement ecclésial qui prend sa vie, son souffle, sa couleur dans le Cœur de Jésus, Bon Berger » écrit-on sur leur site internet. Le mouvement a été reconnu comme Association privée de fidèles, de droit diocésain en 2006. Ce mouvement s’étend aussi maintenant en Amérique du Sud et en Afrique notamment en République Dominicaine, au Cameroun, au Mali, au Mexique, en Équateur, au Pérou, au Rwanda, au Burundi, en RD Congo, aux Philippines, au Sénégal. Entrevue avec la fondatrice, sœur Jocelyne Huot.

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Lectures de la messe pour le 4e dimanche de Pâques Année C

Première lecture

« Nous nous tournons vers les nations païennes » (Ac 13, 14.43-52)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là,
Paul et Barnabé
poursuivirent leur voyage au-delà de Pergé
et arrivèrent à Antioche de Pisidie.
Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue et prirent place.
Une fois l’assemblée dispersée,
beaucoup de Juifs et de convertis qui adorent le Dieu unique
les suivirent.
Paul et Barnabé, parlant avec eux,
les encourageaient à rester attachés à la grâce de Dieu.
Le sabbat suivant, presque toute la ville se rassembla
pour entendre la parole du Seigneur.
Quand les Juifs virent les foules,
ils s’enflammèrent de jalousie ;
ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient.
Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance :
« C’est à vous d’abord
qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu.
Puisque vous la rejetez
et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle,
eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes.
C’est le commandement que le Seigneur nous a donné :
J’ai fait de toi la lumière des nations
pour que, grâce à toi,
le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »
En entendant cela, les païens étaient dans la joie
et rendaient gloire à la parole du Seigneur ;
tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle
devinrent croyants.
Ainsi la parole du Seigneur se répandait dans toute la région.

Mais les Juifs provoquèrent l’agitation
parmi les femmes de qualité adorant Dieu,
et parmi les notables de la cité ;
ils se mirent à poursuivre Paul et Barnabé,
et les expulsèrent de leur territoire.
Ceux-ci secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds
et se rendirent à Iconium,
tandis que les disciples étaient remplis de joie et d’Esprit Saint.

– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 99 (100), 1-2, 3, 5)

R/ Nous sommes son peuple, son troupeau.
ou : Alléluia. (cf. Ps 99, 3c)

Acclamez le Seigneur, terre entière,
servez le Seigneur dans l’allégresse,
venez à lui avec des chants de joie !

Reconnaissez que le Seigneur est Dieu :
il nous a faits, et nous sommes à lui,
nous, son peuple, son troupeau.

Oui, le Seigneur est bon,
éternel est son amour,
sa fidélité demeure d’âge en âge.
Deuxième lecture
« L’Agneau sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie » (Ap 7, 9.14b-17)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean,
j’ai vu :
et voici une foule immense,
que nul ne pouvait dénombrer,
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.
Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau,
vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.
L’un des Anciens me dit :
« Ceux-là viennent de la grande épreuve ;
ils ont lavé leurs robes,
ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau.
C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu,
et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire.
Celui qui siège sur le Trône
établira sa demeure chez eux.
Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif,
ni le soleil ni la chaleur ne les accablera,
puisque l’Agneau qui se tient au milieu du Trône
sera leur pasteur
pour les conduire aux sources des eaux de la vie.
Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

– Parole du Seigneur.
Évangile
« À mes brebis, je donne la vie éternelle » (Jn 10, 27-30)

Alléluia. Alléluia.
Je suis, le bon Pasteur, dit le Seigneur ;
je connais mes brebis
et mes brebis me connaissent.
Alléluia. (Jn 10, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus déclara :
« Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais,
et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle :
jamais elles ne périront,
et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données,
est plus grand que tout,
et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi,
nous sommes UN. »

– Acclamons la Parole de Dieu.


















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